Vous êtes né à Port-au-Prince.
Au milieu des années 70, vous êtes journaliste culturel dans la capitale haïtienne, lorsqu’un collègue et proche ami est assassiné par les tontons macoutes. Craignant que votre tour n’arrive, vous mettez le cap sur Montréal. Vous cumulez des petits boulots. Aux débuts de Télévision Quatre Saisons, vous faites la météo.
Votre premier roman surprend par son titre irrévérencieux, et je me permets de le citer : Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. Il sera adapté pour le cinéma. L’écrivain était né; et il est boulimique : plus de vingt titres, comme Éroshima, Montréal, L'odeur du café, Cette grenade dans la main d’un jeune nègre est-elle une arme ou un fruit? Le goût des jeunes filles, Chronique de la dérive douce, La chair du maître, Le charme des après-midi sans fin et Je suis un écrivain japonais.Vous parlez d’Haïti, du Québec, du déracinement et, souvent même, de rien du tout, mais de beaucoup à la fois, avec une telle tendresse, une telle éloquence, une telle évocation que vous avez conquis un lectorat planétaire.
Vous vous hissez parmi les écrivains majeurs lorsque la grande maison Grasset publie, en 2005, treize ans après sa sortie au Québec, Le goût des jeunes filles. Et vous êtes consacré, en 2009, avec L’énigme du retour,qui vous vaut le prix Médicis et vous ouvre les portes de l’Académie française, et vous voici donc « immortel ».
En 2010, vous êtes en Haïti lors du terrible tremblement de terre. Peu après, vous publiez Tout bouge autour de moi. Vous écrivez : « Je me promène un instant dans le jardin, tout étonné de constater que les fleurs les plus fragiles se balancent encore au bout de leur tige. […] Le béton est tombé. La fleur a survécu. »
Vous êtes un écrivain immense.
Dany Laferrière, au nom du peuple du Québec, je vous fais officier de l’Ordre national du Québec.
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